Aujourd'hui, ça ne va pas...
Aujourd'hui,ça ne va pas... Non, ça ne va vraiment pas.
Et qu'est-ce qui ne va pas? Je ne sais pas, c'est un tout, d'ailleurs si je savais sans doute que ça irait. C'est même ça qui me dérange. Je me sens si mal et je n'ai pas de raison particulière ; il ne s'est rien passé de grave pourtant.Et quand ça ne va pas, comme aujourd'hui, je sais déjà qu'en cogitant toute la journée mes pensées vont me ramener des situations fastidieuses ou douloureuses du passé, d'un présent imparfait! Quant à l'avenir, la moindre projection trouve sa chute finale dans la même phrase. Comme si c'était l'heure de dénouer tous ces nœuds inextricables, de démêler les gigantesques pelotes de laines. Je pourrai sentir déjà la fatigue m'habiter; ce serait normal considérant que cet état déprimant me prend à lui seul beaucoup d'énergie. Que devrais-je faire? À ma fatigue et ma non-envie généralisée, s'ajoute le poids de la culpabilité. Je n'aime pas cette sensation de flou, j'ai l'impression de subir, de me plaindre, de me morfondre, pourtant, je ne suis pas comme ça d'habitude. Mais là, en plus d'être mal, je commence à avoir une mauvaise image de moi, décevante. Un sentiment de ne pas être à la hauteur. À la hauteur de quoi, je n'en sais rien à vrai dire, c'est juste un ressenti qui persiste parfois. La société dans laquelle nous vivons nous enjoint de chercher l'âme sœur, le bonheur, la sérénité ... Il faut absolument être bien, souriant, épanoui!! D' accord, et que se passe t-il si par moment, je ne me sens pas au top? Et si je cherche et je ne trouve pas? N'est-ce pas sensé me rendre encore plus mal? Suis-je pour autant un cas désespéré de la société, un être faible, apathique et sans vie? Dois-je me sentir encore plus mal car je ne correspond pas aux standards que proposent les couvertures de magazines ? Si je m'arrête à cette simple lecture, je sombre illico presto dans la déprime la plus absolue. Ressentir une profonde fatigue, voire une lassitude contaminante de tout, peut-être que c'est ça la sonnette d'alarme. Une partie de moi se fraie un chemin dans les méandres de mon être pour m'alerter que quelque chose ne va pas; peut-être mes valeurs sont-elles bafouées ? Ou mon rythme et mode de vie, une insulte à mon bien-être? Peut-être, dois-je changer quelque chose, juste changer ma vision, mon point de vue? Troquer ce flou pour une image plus nette. Rééquilibrer les contrastes et ajuster la lumière. Après ce focus, juste redistribuer les cartes de ma vie autrement en tenant compte de qui je suis devenue?
Bonne nouvelle, le signal fonctionne parfaitement: je suis bien vivante! Et c'est là ma force: une partie de moi hurle si fort son désespoir dans le but que je l'entende et réagisse au plus vite. Parfois une douleur à la dent nous tenaille mais comme c'est supportable, on se dit que ça va passer; la peur du dentiste est sans doute plus prononcée que la douleur dentaire. Mais quand ira-t-on chez le dentiste? La plupart d'entre nous iront chez le dentiste lorsque la douleur sera devenue lancinante, insoutenable, une douleur si vive que nous ne pourrons qu'entendre le message, réagir d'urgence et finir avec une dent arrachée. En somme, lorsque le signal est faible, nous ne le distinguons pas nécessairement parmi ce vacarme quotidien; c'est pourquoi le signal est parfois si fort : afin que nous le considérions pour envisager le changement qui respectera notre écologie personnelle, c'est à dire simplement qui nous sommes !
Et vous, à quand remonte le dernier signal? Quel était son amplitude? En avez-vous tenu compte? Et ensuite? Qu'en avez-vous fait?
Vous pouvez ignorer le signal, le brouiller même, décider que ce n'est rien, juste passager, cela fera juste de vous le passager de votre vie et non le conducteur principal...
Rendez-vous donc à la prochaine alerte à moins que vous ne rêviez secrètement que l'on ne vous arrache une dent ...